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« …Le temps était étouffant. Cela faisait maintenant cinq jours qu’une chape de plomb pesait sur toute la France, les températures oscillaient entre 39 et 42 degrés sur le nord de la France, encore plus au sud où il faisait une chaleur écrasante. Une canicule de plus. La planète suffoquait. Dans les médias, on ne parlait plus que des catastrophes climatiques sans que le monde ne s’empare vraiment du problème. Avec une température moyenne de 53 degrés, l’Inde subissait depuis trois mois une méganicule, l’une de ces canicules de plus de 50 degrés qui menacent la vie humaine. On y dénombrait plus de 750 000 morts. « Quelle hypocrisie », Martin avait raison songeait-elle. Les nuits commençaient à ne plus se rafraichir et Julie avait eu bien du mal à dormir ces deux derniers jours dans sa chambre d’étudiante à l’isolation sommaire. Elle était fatiguée mais… »

 

« Julie essayait de sentir son corps. Ses doigts semblaient enfin lui obéir lorsqu’ils parvinrent à se resserrer, se toucher entre eux. Malgré́ d’horribles fourmillements, elle pouvait bouger les pieds aussi. Elle ressentait sa cage thoracique se soulever sous la force de ses faibles respirations. Et cette démangeaison qu’elle ressentait dans le bas du cou, insupportable, il fallait qu’elle se gratte. Concentrant toute son énergie sur sa main et son bras droit, elle bougea la main, puis le poignet. Elle commençait à ressentir la contraction de ses muscles pour soulever son bras droit, en vain. Quelque chose l’en empêchait. Elle tenta à nouveau de le lever avant de comprendre ; une sangle entravait le moindre de ses gestes… »

 

« …Chère madame, je ne vais pas y aller pas quatre chemins, ce serait inutile. Les choses ont empiré ces dernières 24 heures et, ce midi, votre fils a de nouveau été pris de très fortes réactions abdominales. C’est pourquoi nous avons décidé de l’emmener à nouveau au bloc.
–  Comment va-t-il docteur ?
–  Il est en réanimation et sous surveillance absolue. Nous avons dû le placer en coma artificiel afin que son corps puisse s’adapter au nouveau choc qu’il vient de subir.
–  Comment ça, docteur ?
–  Les nouvelles ne sont pas bonnes, Madame. Lors de l’intervention nous avons découvert une rupture complète au niveau duodénal due à la fragilisation par les ulcérations. Cela nous a conduit à poser en urgence une gastrotomie de décharge et une jejunostomie d’alimentation. Nous avons tenté de procéder à une occultation de la déchirure mais les viscères de votre fils sont très fragilisés et nous ne savons pas encore à cette heure si cela permettra de stabiliser son état… »

 

« Cette pièce toute en longueur était étrange, une sorte de grand sas. Elle était reliée à son extrémité́ et par une porte métallique à une autre pièce en enfilade. Elle pouvait deviner aussi une sorte de poulie accrochée par un épais cordage à une patère dominant la paillasse. Une forte odeur d’éther inondait l’endroit.

Elle n’avait pas eu le temps de voir ni de sentir l’aiguille qui venait de s’enfoncer dans une grosse veine de son avant-bras gauche. Mais pouvait désormais ressentir la chaleur intense qui envahissait tout son corps. Elle s’était répandue dans son bras avant de se diffuser dans ses épaules, son cou et sa colonne vertébrale. Elle ne sentait plus ses membres si ce n’est l’énorme pression dans son thorax, l’impression qu’elle étouffait alors que son cœur se contractait violemment. »

« …Jeanne était stérile, la médecine ne pouvait rien pour eux. Au temps de leur rencontre elle l’ignorait. Elle avait un moment pensé à un blocage psychologique. Mais se pouvait-il que le ciel lui adressa une sorte d’alerte, comme pour lui indiquer que Charles n’était pas l’homme qui lui convenait ? Elle avait balayé cette idée sombre, persuadée qu’elle l’aimait. Elle avait songé à une stérilité de son époux ou à recourir, s’il le fallait, à une insémination artificielle. Ils en avaient parlé et Charles n’y semblait pas hostile. Mais elle avait dû se rendre à l’évidence, elle faisait partie du nombre grandissant de femmes souffrant d’insuffisance ovarienne. On ne pouvait rien y faire et le choc fût terrible quand le professeur Najberg le lui annonça… »

« …L’histoire racontait le voyage d’un extra-terrestre géant du nom de Grumph qui, passant au large de la terre, avait été subjugué par sa beauté. Il avait donc décidé de s’y attarder un peu. Par prudence et avant de s’y poser, il initia une petite analyse de ce joyau de l’espace. En y regardant de plus près avec sa loupe géante, Grumph commença à s’interroger sur ce minuscule parasite qui semblait occuper ce lieu paradisiaque en si grand nombre et qui en pompait toutes les richesses. Les métastases de ses méfaits brillaient de mille feux la nuit. La nouvelle décrivait les scenarios catastrophes que cette petite planète n’allait pas manquer de subir à cause de ce parasite : pandémies, assèchement généralisé, famines, catastrophes naturelles, extinction animale etc. »